A Saint-Pol-de-Léon, le nom des enfants d’Anne PRIGENT est successivement écrit HARIDON, AN ARIDON, ARIDON et DARIDON entre 1613 et 1618.
L’observation que j’ai pu faire ensuite c’est que les plus anciens L'HARIDON trouvés à Landerneau signaient HARYDON :

Nicolas en 1609, Alain en 1610 et Charles en 1618
Le nom évoluera ensuite avec par exemple les enfants de Charles qui signent le nom actuel : L’HARIDON.

Germain en 1631 et Olivier en 1650
J’avais aussi noté une activité de marchands à proximité des voies maritimes. A Landerneau, par exemple, au début du XVIe siècle, les L’HARIDON possèdent des maisons de négociants à proximité du port.
De récentes recherches m’ont amené à découvrir qu’en Angleterre, au sud, sur la côte faisant face au nord Finistère, on trouve ce nom :
Le registre des contribuables du comté de Devon mentionne ainsi en 1544 à West Alvyngton (West Alvington) :
- William HARIDON
- John HARYDON
- Richard HARYDON
Dans ce même comté, on trouve aussi entre 1575 et 1650, sur les villes côtières, les baptêmes de :
- Thomas et William HARIDON à Paignton,
- Arthur et Vincent HARIDON à Dartmouth.
Plus au nord du pays, dans le Central Bedfordshire, le registre des baptêmes du village de Northill comporte des baptêmes, mariages et décès de plusieurs personnes dénommées HARIDON, HARRIDON ou HARRYDON entre 1572 et 1597. On trouve aussi la forme HAREDON, HARDON et vers 1620, on commence à voir écrit HARISON et HARRISON.
En étudiant de plus près ce pays, j’ai appris qu’après la conquête du royaume d’Angleterre par Guillaume le Conquérant, Duc de Normandie, un inventaire a été réalisé : le « Domesday Book » achevé en 1086 dans lequel on trouve une localité dénommée « HAREDONE » située dans le comté de Wiltshire.


Les archives nationales britanniques m’ont ensuite permis d’apprendre que dans cette localité, un certain Richard de Haredon (alias Hardon, aussi écrit Harden), décédé en 1249, tenait du Roi environ 1 hectare de terres « by the service of keeping the woods of Bedewinde ». Il détenait aussi ~35 hectares dans la même localité de Hardon (Harden) « by the service of finding one man with one horse of the price of half a mark with one sumptuary saddle, and one sack of grain at Wales for the King’s army when the King shall have an army there ».


Richard de Harden(e), décédé lui en 1294, (fils de John et neveu de Roger) possédait à sa mort une partie des terres dans la même localité de Harden(e) associées au « bailiwick of the King’s forest of Savernake which is called Broyl de Bedewynd ». Il détenait également d’autres terres à Harden(e) « by the service of finding one man with one horse and a certain sack for cloths at his own costs for 40 days in the time of war ».

A savoir : Guillaume le Conquérant fit « borner la forêt de Savernake pour en faire l’une de ses chasses favorites ».
William de Har(e)den(e), décédé en 1303, possédait lui aussi des terres à Harden(e) « by the service of keeping one part of the forest of Savernaks which is called Broyl de Bedewinde » ainsi que près de 50 hectares à Shaldebourn « by the service of the moiety of one serjeanty in the King’s army, to wit, finding the moiety of one man armed with a habergeon, lance, and helmet of iron for 40 days at the charges of the said William ».

Le plus illustre de cette famille semble être Sir William de Harden(e) (dont le premier Richard cité est le grand père), décédé en 1330, fait chevalier (knight) en 1306 à Whitsuntide, « on the occasion of the knighting of Edward, prince of Wales, afterwards Edward II ». En 1307, il représente le comté de Wiltshire à Westminster au parlement anglais.
Il tenait du roi le fief de Westshaldebourne « by the serjeanty of finding one footman, armed with one ‘haubergell’ and one iron knife and one lance in the King’s war, at his own expense, for 40 days for all service ».
Il possédait aussi des terres à Estwyke « by the service of keeping half of a certain part of the forest of Savernake, which is called ‘la Westbaillye’ ». Le terrain est dit semé de blé.
D’autres terres semées dans la même localité lui appartenaient « by keeping the other moiety of ‘la Westbaillye’ ».
Dans la forêt de Savernake, il tenait de la Reine plus de 150 hectares de terres défrichées lui valant 6£.
Il tenait aussi de Roger de Harden(e) 16 hectares de terre à Harden(e).
Ledit Roger, décédé en 1331, tenait en fief des terres arables et « the bailiwick of the forestry of a certain part of Savernake, called ‘Broyl de Bechewynde’ » ainsi que 60 hectares de prairie, pâturage et bois à Harden(e).

(Will. de Harden - 1317)

(Will. de Harden - 1322)
En 1361, on peut lire (dans la transcription anglaise des registres) que « William de Hardene and her ancestors have held from time immemorial the west bailiwick of the said forest [Savernake] jointly with William de Boneclif and his ancestors » et qu’Anastasia (daughter and heir of William) « and her ancestors have held a virgate of land under the covert of Iwode for keeping the said bailiwick, and William Boneclif and his ancestors a virgate called Boneclive ».
En 1370, « the west bailiwick in the King’s forest of Savernake » (re)passe aux mains de Henry Esturmy. Le « Domesday book » de 1086 mentionnait cette famille (« Richard Sturmy and Robert from him ») comme « landholder » à cette date.

Dans une autre lecture, j’ai la confirmation que la forêt avait été divisée en plusieurs bailliages (Harding est le nom actuel du lieu appelé « Haredone » en 1086) : « Savernake Forest was defined by its boundaries and protected by Forest Law. It was divided into several bailiwicks, the largest being the West bailiwick, and the smallest, Southgrove. The Broyle or Brail, was managed by the Harden foresters of Harding, and La Verme bailiwick was directly managed by the warden. »
Des informations recueillies, il semble donc que les ESTURMY (STURMY) étaient « warden » de la forêt royale de Savernake et que les HARDON (HARDEN) et BONECLIF (BONECLYVE) tenaient du Roi un bailliage de « royal foresters » dans la partie « West ».
Il est intéressant de noter d’ailleurs que « Haredone » et « Boneclive » sont le nom donné à des lieux se trouvant dans cette forêt et que les « foresters » portent ces noms (« de Hardon (ou Harden)», « de Boneclif »).
‘Warden’ : souvent une personnalité éminente, il était personnellement garant du respect de la loi forestière et supervisait les forestiers.
‘Foresters’ : ils assuraient la protection de la forêt, faisaient appliquer et respecter la loi forestière, appréhendaient les auteurs d’infractions.
En 1332, « the Devonshire lay subsidy » mentionne les noms de Henry de Haredon et William de Haredon à Uggeburgh (actuel Ugborough).
Dans cette localité, on trouve aussi un lieu appelé Haredon. Par exemple, un bail daté du 6 octobre 1381 « of one piece of land in Haredon (Upharedon) in the manor of Ugborough (Uggaburh) » en présence de John de Haredon. Aujourd’hui encore existe à Ugborough « Haredon farmhouse. Haredon is an important and remarkably unaltered late mediaeval house. »
Plus au nord, sous Henri IV (Prince of Wales), William de Harrodon est pourvu de l’office de Bailiff and Feodary à Northampton Middleton Cheney, « lands held of the Prince as of the Honor of Berkhampstead ».
Il se trouve que Northampton est proche de Northill dont je parlais au début.
A noter enfin que l’Angleterre, entre l’ère anglo-saxonne, la conquête normande et ses évolutions ensuite, a subi de multiples influences et changements. Au niveau des langues parlées et écrites aussi.
« Haredone », en forêt de Savernake, dans le comté de Wiltshire, est-elle la terre d’origine de personnes parties ensuite s’installer dans d’autres comtés anglais, au sud comme au nord, puis en Irlande, Bretagne, Ecosse, et même outre Atlantique dans le Massachussets ?
Des indices ouvrent cette hypothèse.
Bien cordialement,